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« Disparition, apparition et réapparition des langues de Bourgogne » (2011)

En collaboration avec Gilles Barot et Jean-Luc Debard (association Langues de Bourgogne), colloque Disparitions et changements linguistiques, Dijon, 17-18 juin 2011

L’appellation « langues de Bourgogne » recouvre des réalités complexes, la Bourgogne concentrant une pluralité d’espaces géolinguistiques dont la définition peut être problématique [Taverdet:1980]. Le Bourguignon, ou « Bourguignon-Morvandiau » puisque telle est son appellation officielle depuis la publication du rapport Cerquiglini, s’étend sur une grande partie de la Bourgogne – sur un espace que l’on qualifiera de « central » – jusqu’au Langrois et au nord de la Franche-Comté. Le nord de la Bourgogne appartient toutefois à la linguistique champenoise, tandis que l’ouest relève davantage des parlers du Centre. Le sud-ouest (Bresse au sud et à l’est de Louhans, Bresse Chalonnaise, Mâconnais et environs de Tournus) représente enfin un espace de transition entre langues d’oïl et parler franco-provençal. Ce caractère prismatique des parlers bourguignons traduit la situation de carrefour qu’est la Bourgogne. Nous avons donc des langues de Bourgogne, et non un dialecte bourguignon (cf. Taverdet 1980 et surtout Taverdet 1975-1980).

La situation de ces langues régionales ou minoritaires présente une granularité fine : l’activité associative travaille des modalités correspondant aux stades 6 du modèle de Fishman (1991 et 2001), à savoir la transmission par le voisinage et les communautés de pratique liées à l’éducation populaire, et au stade 5 pour le travail d’élaboration diamésique (codification, passage à l’écriture, cf. Mioni 1983). L’échelle de vitalité de Fishman comporte huit degrés, du stade 8, qui est celui de l’obsolescence, au stade 1, qui est celui de la revitalisation avec déploiement de toutes les fonctionnalités et revalorisation du statut (Fishman 1991, 2001). Une récente enquête universitaire permet de les classer comme « langues en danger ». Une zone de résistance couvre actuellement le Morvan et ses confins (Nivernais, Auxois, Autunois, et très ponctuellement dans le Châtillonnais), et une partie de la Saône-et-Loire, notamment le Chalonnais et surtout la Bresse (qu’elle soit Chalonnaise, Louhannaise ou Franco-Provençale). Là, il est encore possible de trouver des locuteurs de très bonne qualité, les héritages culturels familiaux étant encore vivaces.