« Structure et agencement » (2013)
Langage et Société, 146, pp. 135-143.
La sociolinguistique est-elle une partie constitutive de la linguistique, comme le déclarait William Labov à l’époque dorée du co-variationnisme triomphant, il y a désormais plus de quarante ans, ou bien est-elle une forme de linguistique d’intervention, impliquée dans des formes de travail social et d’engagement civique entre le linguiste et la société civile ? Est-elle en mesure de rester fidèle à son éthique sociopolitique, qu’il s’agisse du plaidoyer de William Labov en faveur de la créativité et de l’excellence verbale (pour ne pas dire la virtuosité discursive) observable dans les « classes défavorisées » et chez les populations les plus stigmatisées ou discriminées – en réaction à une lecture possible parmi d’autres des thèses de Basil Bernstein sur la nature des codes socio-linguistiques envisagés dans la perspective du contrôle social (Bernstein, 1975) – ou qu’il s’agisse de sa critique des construits essentialistes en glottopolitique, durant les deux dernières décennies ? Ou bien risque-t-elle de se diluer dans la multiplicité des tâches et des petits et moyens contrats, depuis la veille discursive sur les forums de discussion Internet à l’observation de la violence verbale au quotidien entre usagers et fonctionnaires, en passant par le relevé verbatim des interactions et des alternances codiques multilingues dans les entreprises ou dans les organismes internationaux ?
