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Parlons mordve (une langue finno-ougrienne de Russie) (2006)

en co-rédaction avec Ksenija Djordjević, Paris, L'Harmattan

Commençons par la raison même de ce livre. Pourquoi les langues mordves ? Intéressés, en tant que chercheurs et linguistes, par la situation linguistique et sociolinguistique de l’URSS et de la Russie en général, et travaillant sur les langues finno-ougriennes par ailleurs, nous nous sommes penchés aussi vers le domaine ouralien de l’ex-URSS, et très spécifiquement sur les langues mordves. Au moment où nous avons commencé cette recherche, beaucoup restait à faire en France dans le domaine du travail de terrain sur des langues ouraliennes en Russie1. En effet, durant la guerre froide, la plupart des linguistes ouralistes français se sont limités à l'étude des langues fenniques (finnois, estonien, live, etc.), du same ou du hongrois. Si d'autres langues étaient prises en compte, c'était jusqu'à maintenant de manière livresque et de seconde main, sans accès possible au terrain permettant le recueil de données de première main, ou en faisant appel à des spécialistes étrangers finnois ou russes ayant fait du terrain. Cette situation a été déterminée par le contexte politique d’avant 1991, qui limitait fortement la liberté de mouvement des chercheurs entre l’Est et l’Ouest, surtout dans des régions classées d’intérêt stratégique, comme l’ont été de nombreux territoires finno-ougriens de Russie soviétique (République des Komis et République de Mordovie, où l’on trouvait à l’époque soviétique d’importantes installations faisant partie de la constellation pénitentiaire du Goulag). Encore aujourd’hui, le régime d’obtention de visas sur invitation officielle rend les démarches particulièrement lourdes, comme nous avons pu le constater lors de notre première visite en République de Mordovie durant l’été 2003.