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« Mulgi, Kihnu, vôro, seto : langues collatérales d’Estonie et pluralisme de proximité » (2013)

in Alén-Garabato, Carmen, 2013. Gestion des minorités linguistique dans l’Europe du XXIè siècle, Limoges, Lambert-Lucas, pp. 35-48.

Alors que l’Estonie a jadis connu deux langues littéraires, lors de sa grammatisation durant la Réforme, opposant deux koinés pour la traduction des textes religieux (Kurman, 1968), l’estonien littéraire est aujourd’hui fondé sur la variété centre-septentrionale, et on aurait pu penser que l’assimilation de toutes les variétés dialectales périphériques était désormais acquise. Or, si la bipolarité nord-sud, après cinq siècles de construction nationale et la restauration de l’indépendance de 1919 depuis la chute de l’URSS, n’est plus axée sur l’opposition Tallinn-Tartu, une pluralité a récemment émergé, entre l’estonien standard et diverses variétés dialectales méridionales ou insulaires en cours de standardisation, comme le võro, le seto, le mulgi ou le kihnu. Ces variétés ont bénéficié d’une élaboration linguistique et d’une certaine reconnaissance dans le cadre de l’Estonie non plus seulement « postsoviétique », mais européenne à proprement parler. Cette résurgence des langues proches issues du réseau dialectal estonien (fennique sud, finno-ougrien) est-elle seulement la manifestation d’une sorte de thérapie post-traumatique nationale au sortir d’un demi-siècle d’occupation soviétique, ou s’explique-t-elle par des tendances plus amples dans les arcs régionaux européens ? En quoi ce phénomène est-il à la fois européen, répandu ici comme ailleurs dans des zones plus centrales, et caractéristique de zones d’Europe centrale et orientale périphériques ?