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« Stéréotypes en triptyques : la situation guatémaltèque. Archétypes, prototypes, hypotypes, antétypes et stéréotypes » (2007)

Actes du colloque international Stéréotypage, stéréotypes, fonctionnements ordinaires et mise en scène : perspectives interdisciplinaires, Montpellier, Université Paul-Valéry, 21-23 juin 2006, Tome 2 Identité(s), Paris : L’Harmattan, pp. 143-153

Les trois préjugés de la construction coloniale méso-américaine dénoncés par Severo Martínez Peláez (MARTINEZ PELAEZ 1970) consistaient à prétendre que a) l’Indien est paresseux et ne travaille que sous la contrainte, b) l’indien est enclin au vice et ne peut que gaspiller la rétribution de son travail, c) l’indien ne saurait être pauvre, en vertu de son mode de vie atavique que tout salaire et toute intégration sociale hors de sa tribu ne peuvent que corrompre. Ces trois stéréotypes avaient pour pendant a) le système d’esclavagisme des encomiendas (le travail forcé comme solution à la paresse atavique), b) la paupérisation et la répression (faire régner l’ordre moral chez le peuple vicieux), c) la folklorisation et la ségrégation socio-culturelle (le peuple est vicieux et oisif, mais il est pur et noble dans ses traditions les plus ataviques). Ce triptyque de stéréotypes, outre sa fonction primaire de stigmatisation des « minorités » - qui formaient, démographiquement, une majorité - justifiait l’ordre colonial. Les deux communautés, « criolla » et « ladina » (colons d’origine européenne et métis) d’une part, et peuples mayas (qui ne sont autres que les « Indiens ») asservis d’autre part, ont mis en scène leur cohabitation sous un régime de stricte ségrégation. Alors que criollos et ladinos implantaient massivement en Amérique centrale les attributs culturels européens de tradition arabo-hispanique (architecture, arts et religion) après avoir anéanti les infrastructures et l’organisation politique des peuples pré-colombiens, les indigènes mayas asservis développaient un vaste complexe sémiotique aussi bien dans une stratégie d’adaptation que de résistance : costumes ethniques, fêtes et rituels, syncrétisme religieux des cofradies (confréries religieuses servant également de comité de gestion des affaires internes à la communauté et comité d’organisation des fêtes).