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« L'agglutinance dans les langues finno-ougriennes : déconstruction par modélisation PFM (langues fenniques et mordve) » (in preparation)

Journée d’études internationale « L’agglutinance : critique d’un concept », organisée par Patrick Sériot, Université de Lausanne.

Les langues finno-ougriennes (ou ouraliennes, en tenant compte des langues samoyèdes) sont souvent citées comme représentant l’archétype de langues agglutinantes – autrement dit, de morphologies strictement concaténatives et incrémentielles, à exposants monovalents et transparents. Cette caractérisation est pourtant abusive ou réductionniste : hormis des exceptions comme le vepse, la plupart des langues de ce réseau phylogénétique ne sont que partiellement, voire marginalement incrémentielles, dans leur morphologie flexionnelle. Certaines, comme le live, l’estonien ou le same, ne correspondent que très partiellement à cette définition, et se caractérisent au contraire par une forte tendance inférentielle, à exposants polyvalents et opaques. Le modèle PFM (Paradigm Function Morphology, cf. Stump 2001) et les modèles Word & Paradigm s’avèrent particulièrement heuristiques pour déceler les contraintes inférentielles dans la morphologie flexionnelle des langues du monde. Appliqués au finnois standard ou dialectal aussi bien qu’aux autres langues fenniques, comme le live, l’estonien ou le vote, ils permettent de révéler la complexité des modes de construction paradigmatique de ces langues. On constate alors que l’agglutinance, loin d’être heuristique, s’avère une notion menant à une aporie. On voit apparaître à travers l’analyse en blocs de fonctions paradigmatiques et d’exposants concaténés une trame de complexité flexionnelle bien plus réaliste que ce que ne laisse supposer le modèle incrémentiel classique. En outre, non seulement les langues ouraliennes ne sont pas des parangons d’agglutinance, mais certaines ne sont pas non plus de type purement exocentrique (dependent marking, cf. Nichols, 1986 ; Lehmann, 2005), comme le supposent les caractérisations courantes, ou leur riche inventaire casuel. Une langue comme le mordve est, de ce point de vue, véritablement mixte – à la fois exocentrique et concentrique ou head marking. La conjugaison objective définie mordve (CODM) est, à ce titre, un paradigme édifiant.